Au cœur de la Tunisie moderne se dresse fièrement le site archéologique de Carthage, une fenêtre ouverte sur l’un des empires les plus influents de l’Antiquité. Jadis berceau d’une civilisation punique florissante, cette cité légendaire abrite aujourd’hui un trésor inestimable de vestiges qui témoignent de son riche passé. Explorons ensemble les ruines majestueuses qui ont défié les ravages du temps et offrent aux visiteurs un aperçu captivant de l’héritage architectural, culturel et historique de Carthage.
Plan de l’article :
L’acropole de Byrsa: cœur stratégique de l’ancienne cité
Le théâtre romain: témoin de la vie culturelle antique
L’amphithéâtre: arène des spectacles grandioses
Le quartier des villas romaines: fenêtre sur la vie quotidienne antique
Les ports puniques: témoin de la puissance maritime légendaire
Le tophet de Carthage: lieu sacré des rites antiques
Les nécropoles antiques: dernières demeures des anciens Carthaginois
Les thermes d’Antonin: temples du bien-être antique
Les citernes de La Malga: réservoirs d’eau monumentaux
L’aqueduc de Zaghouan: prouesse d’ingénierie hydraulique
Temples païens et basiliques chrétiennes: coexistence des croyances
Autres vestiges notables: l’Odéon et le Forum
Découvertes archéologiques: témoins muets d’une civilisation révolue
Carthage en quelques mots…
L’acropole de Byrsa: cœur stratégique de l’ancienne cité
Dominant fièrement le paysage, l’acropole de Byrsa constitue le noyau défensif de l’antique Carthage. Ainsi, cette imposante structure quadrilatère, jadis entourée de remparts massifs, incarne la puissance militaire de la cité punique. De plus, ses fondations profondes qui remontent à l’époque de la colonie phénicienne de Cambé, abritaient autrefois des nécropoles avant de devenir une forteresse imprenable.
Les fouilles menées par le Père Delattre ont mis au jour des vestiges remarquables, notamment:
- Des sections des remparts puniques d’une épaisseur de 10 mètres, qui témoignent de l’ingéniosité défensive de l’époque.
- Les ruines d’un bastion romain qui abritait autrefois une machine de guerre redoutable.
- Les fondations présumées du temple d’Eschmoun, divinité guérisseuse assimilée à Esculape par les Romains.
Au cœur de Byrsa, une série de sept chambres voûtées semi-circulaires attire particulièrement l’attention. En effet, certains y voient les vestiges du praetorium, le palais du proconsul romain devenu plus tard la résidence des rois vandales. De plus, ces salles majestueuses, pavées de dalles somptueuses et revêtues de marbres précieux, témoignent de l’opulence qui régnait autrefois dans cette citadelle.
Le théâtre romain: témoin de la vie culturelle antique
Niché au pied de la colline de l’Odéon, le théâtre romain de Carthage se dresse comme un joyau architectural du IIe siècle après J.-C. Ainsi, ses gradins en demi-cercle, d’un diamètre imposant de près de 100 mètres, reposent sur un système ingénieux de voûtes souterraines qui protègent la structure des affaissements.
Autrefois dédié aux représentations théâtrales, aux discours philosophiques et aux manifestations culturelles, ce théâtre constitue l’un des rares vestiges de ce type en Tunisie. Par ailleurs, son architecture unique qui combine des dimensions colossales et des caractéristiques spécifiques, témoigne du génie des bâtisseurs romains.
Bien que partiellement enfoui sous terre et détruit par les Vandales au Ve siècle, le théâtre romain de Carthage a retrouvé une seconde vie à la fin du XIXe siècle grâce à des travaux d’aménagement. Aujourd’hui, il attire les visiteurs du monde entier et leur offre un aperçu saisissant de la vie culturelle florissante de l’époque.
L’amphithéâtre: arène des spectacles grandioses
À proximité du village de la Malga se dressent les vestiges imposants de l’amphithéâtre de Carthage. En effet, cette arène monumentale, d’une superficie de 64,66 mètres sur 36,70 mètres, est autrefois entourée d’un podium en opus quadratum et de gradins qui reposent sur 54 travées.
Lors de son agrandissement, le grand axe de l’amphithéâtre atteint 156 mètres de long pour une largeur de 128 mètres. Celui-ci offre une capacité estimée à 30 000 places. De plus, sa façade imposante, construite en blocs de Kadhel, témoigne de la grandeur des spectacles qui s’y déroulaient jadis.
Bien que le temps ait laissé son empreinte sur ces ruines, l’imagination des visiteurs peut aisément se représenter les combats épiques, les jeux sanglants et les événements grandioses qui animent autrefois cette arène. L’amphithéâtre de Carthage incarne ainsi l’esprit de divertissement et de spectacle qui imprégne la vie des Romains.
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Le quartier des villas romaines: fenêtre sur la vie quotidienne antique
Au premier siècle après J.-C., un quartier résidentiel unique a vu le jour sur les vestiges d’une nécropole punique. Ainsi, connu sous le nom de « Quartier des villas romaines », ce secteur offre un aperçu fascinant de la vie quotidienne des habitants de l’époque.
Parmi les joyaux architecturaux de ce quartier, on trouve:
- Le Nymphée, entièrement reconstitué, formé de bassins et d’une cascade rafraîchissante.
- La Maison du cryptoportique, dotée d’une galerie bien conservée longeant sa façade ouest.
- La Villa de la volière, véritable chef-d’œuvre abritant une mosaïque représentant des oiseaux.
Cette dernière demeure, restaurée avec soin en 1960, se distingue par son jardin octogonal central entouré d’un portique à colonnade en marbre rose. De plus, les pièces d’habitation, ornées de mosaïques et de marbres précieux, témoignent de l’opulence des propriétaires de l’époque.
En parcourant ces villas, les visiteurs plongent dans l’intimité des demeures antiques et découvrent les détails de l’architecture, de la décoration et du mode de vie des Romains de Carthage.
Les ports puniques: témoin de la puissance maritime légendaire
Situés à proximité du forum antique, les vestiges des ports puniques de Carthage rappellent la suprématie navale de cette cité commerçante. Bien que réduits aujourd’hui à de modestes flaques d’eau stagnante, ces ports jadis majestueux témoignent de l’ingéniosité architecturale des Puniques.
Le Cothon, port militaire circulaire d’une circonférence de 1200 mètres, abrite autrefois une île centrale servant de pavillon à l’amiral. Ainsi, cette île, reliée à la terre ferme par une étroite langue de terre, offre une vue imprenable sur la mer et les navires entrants.
Communicant avec le Cothon, le port marchand rectangulaire permet aux navires de pénétrer dans le port militaire après avoir traversé ses eaux. De plus, son entrée étroite, large de seulement 21 mètres, peut être fermée par des chaînes de fer pour assurer la sécurité.
Les descriptions détaillées d’Appien, historien du IIe siècle après J.-C., témoignent de la sophistication de ces installations portuaires. En effet, des cales pouvant accueillir 220 navires, entourées de portiques à colonnes ioniques, offrent un spectacle grandiose aux visiteurs de l’époque.
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Le tophet de Carthage: lieu sacré des rites antiques
Au cœur du quartier de Salammbô, à proximité des ports puniques, se dresse le Tophet de Carthage. Celui-ci est un lieu sacré dédié aux divinités phéniciennes Tanit et Baal. Ainsi, cet espace unique, qualifié d' »hybride de sanctuaire et de nécropole », abrite un grand nombre de tombes d’enfants. Ce qui suscita des interprétations diverses quant à leur signification.
Certains chercheurs y voient les traces de sacrifices rituels d’enfants. Tandis que d’autres y perçoivent des sépultures destinées aux jeunes vies fauchées prématurément. Quoi qu’il en soit, le Tophet de Carthage demeure un témoin silencieux des rites et des croyances religieuses profondément ancrées dans la culture punique.
Les nécropoles antiques: dernières demeures des anciens Carthaginois
Au fil des siècles, de nombreuses nécropoles ont fleuri autour de Carthage, ce qui offre aux défunts leur ultime demeure. Parmi les plus remarquables, citons la nécropole de Kamart, située sur le djebel Kaoui. Celle-ci remonte à la dernière période punique. De plus, cette nécropole a continué d’être utilisée à l’époque romaine, chrétienne et même par la communauté juive de Carthage.
Les tombes, construites selon un modèle uniforme inspiré des traditions phéniciennes, consistent en des chambres rectangulaires accessibles par des puits ou des escaliers. De plus, des niches creusées dans les murs accueillent les sarcophages ce qui offre aux défunts un repos éternel.
D’autres nécropoles notables ont été mises au jour, comme celle des esclaves de la maison impériale romaine à Bir et Djebana, ou encore le cimetière chrétien qui abrite la tombe de saint Cyprien. De plus, ces lieux de sépulture témoignent de la diversité culturelle qui règne à Carthage, chaque communauté honorant ses morts selon ses traditions ancestrales.
Les thermes d’Antonin: temples du bien-être antique
Érigés au IIe siècle après J.-C. sous les règnes d’Hadrien et d’Antonin le Pieux, les thermes d’Antonin incarnent l’art de vivre romain dans toute sa splendeur. Ainsi, classés parmi les plus imposants de l’Empire après ceux de Caracalla et de Dioclétien à Rome, ces thermes s’étalent sur une longueur de 300 mètres au pied de la colline de Bordj Djédid.
Bien que seuls les sous-sols et quelques vestiges architecturaux soient aujourd’hui visibles, tels que des pans de murs effondrés, des blocs de marbre et de granit, et des chapiteaux, l’imagination peut aisément se représenter la grandeur de ces thermes antiques.
Les sous-sols abritent autrefois des réserves pour le combustible, l’huile et les parfums, ainsi que des magasins et des chaufferies. De plus, l’étage supérieur, aujourd’hui disparu, forme le cœur des thermes avec ses salles chaudes, tièdes et froides, entourées de palestres dédiées aux exercices physiques.
Une colonne remise en place permet d’apprécier la hauteur vertigineuse de la coupole centrale. Celle-ci culmine à plus de 30 mètres. De plus, alimentés par l’aqueduc de Zaghouan long de 132 kilomètres, ces thermes sont des temples du bien-être et du raffinement. Ils témoignent bien sûre de l’art de vivre raffiné des Romains de Carthage.
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Les citernes de La Malga: réservoirs d’eau monumentaux
Parsemant le paysage de Carthage, d’imposantes citernes voûtées rappellent l’ingéniosité hydraulique des anciens habitants. Parmi les plus remarquables, citons les systèmes de citernes du village de la Malga et de Bordj Djedid, situés respectivement à 700 et 800 mètres de l’acropole de Byrsa.
Ces réservoirs monumentaux, dont les origines remontent à l’époque punique, furent réparés et partiellement reconstruits sous la domination romaine. Puis, au XIIe siècle, le géographe arabe Edrisi décrit les citernes de la Malga comme un ensemble de 24 réservoirs parallèles, chacun mesurant 100 mètres de long sur 22 mètres de large.
Quant aux citernes de Bordj Djedid, elles forment un rectangle allongé divisé en 18 réservoirs voûtés parallèles, larges de 7,5 mètres et profonds de 9 mètres. De plus, des chambres circulaires à coupoles servent de filtres, ce qui assure la pureté de l’eau stockée.
Ces gigantesques récipients sont alimentés par un réseau complexe de canaux et d’aqueducs. Dont certains vestiges ont été découverts lors de fouilles récentes. Les citernes de La Malga et de Bordj Djedid témoignent en effet, de l’ingéniosité hydraulique des anciens Carthaginois. Ces structures leurs permettaient de stocker et de distribuer l’eau indispensable à la vie quotidienne.
L’aqueduc de Zaghouan: prouesse d’ingénierie hydraulique
S’étendant sur une distance impressionnante de 132 kilomètres, l’aqueduc de Zaghouan représente une véritable prouesse d’ingénierie hydraulique de l’époque romaine. De plus, cette structure monumentale, construite sous le règne d’Hadrien, a pour fonction d’acheminer l’eau des sources de Zaghouan jusqu’aux citernes et aux thermes de Carthage.
Bien que partiellement en ruine aujourd’hui, certaines sections de l’aqueduc demeurent intactes. Ceci témoigne de la maîtrise technique des bâtisseurs romains. De plus, des fouilles menées par Vernaz en 1885 ont permis de mettre au jour un tronçon voûté de 270 mètres de long, haut de 3,25 mètres et large de 1,70 mètre.
Cet aqueduc, probablement restauré sous Hadrien, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’ingéniosité hydraulique des Romains de Carthage. Ainsi, des canaux voûtés qui traversent les collines, comme celui de 788 mètres de long découvert près des citernes de Juno Caelestis, complètent ce vaste réseau d’approvisionnement en eau.
L’aqueduc de Zaghouan incarne ainsi la volonté des Romains de maîtriser les ressources naturelles et de repousser les limites de l’ingénierie pour assurer le confort et le bien-être de leurs cités.
Temples païens et basiliques chrétiennes: coexistence des croyances
Au fil des siècles, Carthage a été le théâtre d’une riche diversité religieuse, abritant à la fois des temples païens et des basiliques chrétiennes. Ainsi, les vestiges de ces lieux de culte témoignent de la coexistence et de l’évolution des croyances dans cette cité cosmopolite.
Selon les écrits d’Auguste Castan, Carthage possède son propre Capitole, à l’instar des colonies romaines, dédié à Jupiter, Junon et Minerve. Bien que son emplacement exact reste incertain, les fouilles ont mis au jour les substructions d’un temple en forme d’abside avec une grande mosaïque de 16 mètres sur 14, potentiellement lié au culte de Juno Caelestis, l’équivalent punique de Tanit.
D’autres vestiges attestent de la présence de temples dédiés à Jupiter Serapis, Cronos (Moloch ou Saturne), ainsi qu’un temple de la Concorde sur Byrsa. Les ruines d’un édifice orné d’énormes colonnes de marbre près du village de Douar esch Chatt abritent probablement un temple d’Apollon.
Parallèlement à ces lieux de culte païens, Carthage a vu fleurir des basiliques chrétiennes dès les premiers siècles de notre ère. Ainsi, le temple de Juno Caelestis lui-même fut consacré au culte chrétien en 399 avant d’être transformé en cimetière en 421.
Les fouilles du Père Delattre ont permis de mettre au jour une basilique construite sur les tombes des saintes Perpétue et Félicité. Celle-ci est ornée d’une mosaïque qui représente sainte Perpétue tenant la palme du martyre. De plus, une autre basilique entourée de tombes a été découverte sur la route de Sidi-bou-Saïd. Elle témoigne de la vitalité de la communauté chrétienne antique.
Cette coexistence de lieux de culte reflète la richesse spirituelle et culturelle de Carthage, où les croyances se sont succédé et entremêlées au fil des siècles. Elles ont laissé une empreinte indélébile sur le paysage architectural de la cité.
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Autres vestiges notables: l’Odéon et le Forum
Au-delà des monuments majeurs, Carthage recèle de nombreux autres vestiges témoignant de la vie quotidienne et de l’organisation de la cité antique. Parmi ceux-ci, on peut citer :
- L’Odéon, un édifice semi-circulaire datant du IIe siècle après J.-C., potentiellement utilisé pour des représentations théâtrales ou musicales.
- Le Forum, cœur névralgique de la vie publique, abrite le vicus argentarius, une bourse ou un tribunal des changeurs aux allures imposantes.
D’autres ruines, bien que moins identifiées avec certitude, ponctuent le paysage de Carthage. Ainsi, une platea nova (place nouvelle) bordée d’un escalier monumental en marbre de 48 mètres de long témoigne de l’architecture grandiose de l’époque. Quant aux vestiges désignés comme le « Palais de Didon », la « Maison d’Hannibal » ou la « Villa de Galerius », ils suscitent davantage de conjectures que de certitudes quant à leur fonction originelle.
Néanmoins, ces vestiges dispersés constituent autant de pièces d’un vaste puzzle historique. Ainsi, ils offrent aux visiteurs d’aujourd’hui un aperçu fascinant de la vie quotidienne et de l’organisation urbaine de la Carthage antique.
Découvertes archéologiques: témoins muets d’une civilisation révolue
Au-delà des monuments imposants, les fouilles archéologiques menées à Carthage ont permis de mettre au jour de nombreux objets témoignant de la vie quotidienne et de l’artisanat des anciens habitants. Parmi ces découvertes figurent:
- Des stèles puniques, ces bornes votives ornées de symboles religieux tels que la main ouverte, le disque lunaire ou le triangle divin.
- Des ustensiles de la vie courante, reflets de l’art de vivre carthaginois.
- Trois masques en terre cuite, témoins muets de l’artisanat local.
- Des monnaies d’or, d’argent et de bronze, portant l’empreinte de l’influence hellénique sur l’art monétaire punique.
Si ces objets offrent un aperçu précieux de la culture matérielle de Carthage. Ils soulèvent également des interrogations quant à leur provenance exacte. Certaines pièces, comme les statues grecques rapportées après le pillage de villes siciliennes, rappellent les exactions commises par les Carthaginois lors de leurs conquêtes.
D’autres découvertes, telles que les bas-reliefs représentant des scènes bibliques ou le Bon Pasteur, évoquent l’empreinte du christianisme naissant dans la cité. Ainsi, ces vestiges archéologiques, bien que fragmentaires, constituent autant de fenêtres sur le passé. Ils offrent aux chercheurs et aux visiteurs un aperçu fascinant de la riche mosaïque culturelle qui caractérisait Carthage.
Le site archéologique de Carthage en quelques mots…
En parcourant les ruines majestueuses du site archéologique de Carthage, les visiteurs d’aujourd’hui peuvent replonger dans l’atmosphère vibrante d’une cité antique qui a marqué l’Histoire. Des acropoles défensives aux ports maritimes, en passant par les lieux de culte et les quartiers résidentiels, chaque vestige raconte une partie de l’épopée carthaginoise.
Bien que le temps ait érodé certains pans de cette civilisation, son héritage architectural, culturel et historique continue de fasciner et d’inspirer les générations actuelles, témoignant de la résilience de l’esprit humain face aux aléas de l’Histoire.
Pour vous divertir:
Quiz Civilisations et Peuples de l’Antiquité – Niveau 2