La Cité Minoenne de Phaistos

      Le palais de la cité minoenne de Phaistos présente beaucoup de similitudes avec celui de Cnossos. L’idée qu’ils furent l’oeuvre d’une seule et même civilisation crétoise s’impose.

SOMMAIRE:

  • Histoire de la cité minoenne de Phaistos
  • Phaistos et la mythologie de la Grèce antique
  • Phaistos dans son contexte historique
  • Visite de la cité minoenne de Phaistos
  • Le disque de Phaistos
Carte de la Crète avec les principaux sites minoens – Site de Phaistos – AdobeStock
Panorama des ruines de l’ancien palais minoen de Phaistos, Crète, Grèce – AdobeStock

Histoire de la cité minoenne de Phaistos

      La cité de Phaistos a été découverte dans la plaine du Messara. Celle-ci est le deuxième centre minoen le plus important après celui de Cnossos. Cette découverte est survenue dans le sud de la Crète il y a une centaine d’années par des archéologues italiens. Ainsi, les vestiges retrouvés sur la colline de Phaistos indiquent que le site aurait été occupé dès 4000 avant notre ère au Néolithique. À l’époque des premiers palais ( soit aux env. de -2000 -1700 avant J.-C., la population avait déjà atteint un certain niveau de richesse. De plus, le palais de Phaistos fut probablement construit pour assurer un meilleur contrôle de la fertile plaine du Messara. Il devint alors un centre politique et administratif.

Phaistos et la mythologie grecque

      Tout comme Cnossos (qui serait le palais du mythologique roi Minos, fils de Zeus), le site de Phaistos comporte lui aussi une part de mythologie dans son histoire. Rhadamanthe, fils de Zeus et d’Europe et donc frère de Minos, aurait selon la légende régné sur le sud de la Crète et fait de Phaistos son siège. D’après la tradition, Minos l’ainé de la fratrie, avait scindé le royaume de Crète en trois. Et il en aurait offert une partie à son frère Rhadamanthe.

Mais selon une autre variante, Minos n’aurait pas partagé son royaume. Cependant, il aurait accordé à son frère le pouvoir de légiférer et de juger. Ce dernier devait donc faire appliquer les lois, dont Zeus faisait part à son fils Minos. Et ce tous les neuf ans sur le mont Ida où ils se retrouvaient. Rhadamanthe devint ainsi le “gardien des lois”.

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Phaistos dans son contexte historique

      Tout comme de nombreux palais Minoens, Phaistos fut victime de tremblements de terre. S’ensuivit la période dite des “nouveaux palais” (1700-1400 avant J.-C.).

Alors qu’à Cnossos, la reconstruction du palais se fit assez rapidement sur les ruines du premier palais. À Phaistos, le nouveau palais n’aurait été reconstruit qu’une fois les vestiges de l’ancien bâtiment enterrés sous une couche de mortier. Les fouilles montrent par ailleurs que cette reconstruction aurait été interrompue.

Le centre politique aurait en effet été détourné à Hagia Triada

      Site minoen situé à seulement 3 kilomètres de Phaistos, au détriment de ce dernier. Le palais d’Hagia Triada aurait été achevé vers 1600 avant J.-C.. Tandis que le nouveau palais de Phaistos n’aurait été terminé qu’au début du XVIème avant notre ère.

Malgré sa reconstruction, le palais de Phaistos aurait continué à perdre de son importance par rapport à celui d’Hagia Triada, se cantonnant à un rôle religieux et économique.

À l’image des autres palais crétois, le palais de Phaistos fut victime du déclin de la civilisation minoenne à partir de 1400 – 1450 avant notre ère. Souvent expliqué par une éruption volcanique cataclysmique sur l’île de Théra – actuelle Santorin – qui aurait été suivie d’un raz-de-marée dévastateur.

La cité minoenne de Phaistos perdura néanmoins jusqu’à l’époque hellénistique

(IIIème – Ier siècle avant J.-C.) et gréco-romaine.

Maison hellénistique de la cité minoenne de Phaistos

     Ces périodes restent assez floues. Il semblerait en tous cas que des pièces de monnaies aient été frappées à Phaistos puisque l’on y a retrouvé des pièces représentant Europe sur un taureau.

Vers 150 avant J.-C., Phaistos aurait été définitivement détruite par la ville voisine de Gortyne.

Le géographe grec Strabon (64 avant J.-C. et 25 après J.-C.) témoigne ainsi de cette destruction dans sa “Géographie” (X 4,14 – traduction F. Lasserre, Collection des Universités de France):

“Des trois villes fondées par Minos, la dernière, Phaistos, fut entièrement détruite par les habitants de Gortyne. Elle se trouvait à soixante stades de cette ville, à vingt de la mer et à quarante du mouillage de Matalon. Les auteurs de sa destruction sont devenus les maîtres de son territoire “.

À noter que ces références ont notamment permis au britannique Spratt d’identifier le site de Phaistos au XIXème siècle.

Ses conclusions furent ensuite confirmées

En effet, elles furent validées en 1894 par les archéologues italiens F. Halbherr et A. Taramelli.

“Des trois villes fondées par Minos, la dernière, Phaistos, fut entièrement détruite par les habitants de Gortyne. Elle se trouvait à soixante stades de cette ville, à vingt de la mer et à quarante du mouillage de Matalon. Les auteurs de sa destruction sont devenus les maîtres de son territoire ” Strabon, “Géographie” (X 4,14)

Visite de la cité minoenne de Phaistos

      On arrive sur le site archéologique de Phaistos par un chemin surplombant l’ancien palais nous offrant une superbe vue sur les vestiges. Quelques pins logeant de bruyants grillons abritent les ruines et protègent les visiteurs d’un soleil de plomb. Moins connu et moins prisé par les touristes que le site de Cnossos, Phaistos respire pourtant davantage le calme et l’authenticité, ses vestiges n’ayant pas été autant victimes des restaurations au ciment que le palais de Cnossos. On y voit seulement les consolidations pour empêcher les éboulements des pierres.

Les appartements royaux ont quant à eux été restaurés avec du gypse en provenance de la carrière antique d’Hagia Triada (cette pierre utilisée pour la construction des palais minoens adopte un aspect brillant au soleil et devait conférer aux édifices une allure éclatante).

Le site de Phaistos ressemble à première vue à un vaste labyrinthe.

      Pourtant, tout comme les palais minoens de Cnossos ou de Malia, Phaistos répond à une logique architecturale bien définie.

Alors que l’on arpente les premiers vestiges, on débouche sur une large cour dallée. Il s’agit de la cour haute, dallée à l’époque des premiers palais et traversée par une voix processionnelle qui aurait servi pour les cérémonies religieuses. On peut également voir près de cette cour, les vestiges d’une maison de la période hellénistique (cf. photo ci-dessous). Dans la partie ouest du palais, on peut admirer une autre cour, la cour ouest datant de la période des premiers palais (2000 – 1700 avant J.-C.). Elle aurait joué un rôle important dans la vie des habitants de Phaistos avec ses deux voies processionnelles. Elle aurait par ailleurs aussi servi de théâtre où les habitants pouvaient assister à des événements religieux ou à des fêtes.

      On trouve également dans la partie ouest du site, trois silos à grains, les koulourès (également identifiés à Cnossos et à Malia – cf. ci-dessous), ainsi que des magasins et des ateliers d’artisans.

 

Photo ci-contre: Les koulourès, silos à grain site de Phaistos

      On y a retrouvé des “pithoi”, ces grandes jarres en terre cuite qui permettait de stocker de l’huile ou du vin. On peut notamment voir à demi cachés sous une dalle de ciment, deux pithois à “panse globulaire”, appartenant aux magasins du premier palais. Toujours dans le secteur des magasins, on peut arpenter une allée qui était autrefois le corridor des magasins. Ce corridor donnait sur dix magasins qui comportaient un étage.

Pithoi du palais de Phaistos
Poursuivons notre visite la cité minoenne de Phaistos

      Quittons à présent le secteur des magasins pour nous diriger vers ce qui a été identifié par les archéologues comme étant le “mégaron de la reine”, soit les appartements royaux. Couverts de plaques de gypse, on peut voir des banquettes en pierre le long des murs. Un puits de lumière venait autrefois éclairer cet espace.

      Une porte permettait la communication avec le mégaron du roi. On peut également apercevoir un escalier qui menait à l’étage depuis le mégaron du roi et de la reine. Les appartements du roi étaient reliés par une porte au bassin lustral identifiable à son escalier et à son sol couvert de gypse.

Le disque de Phaistos

Le disque de Phaistos (face A), disque d’argile cuite du palais minoen de Phaistos – Pecold – stock.adobe.com

      Pour finir cette visite de Phaistos, je voudrais vous parler du disque de Phaistos. Il s’agit d’un disque en terre cuite retrouvé en 1908 lors de fouilles archéologiques dans une des pièces du palais. Ce disque de 16,5 centimètres de diamètre, comporte des écritures en spirale qui demeurent encore indéchiffrées à ce jour.

Il constitue à ce titre un des textes antiques les plus discutés par les chercheurs. Le disque daterait de l’époque des nouveaux palais. Il est composé de 241 signes répartis sur les deux faces du disque et qui s’apparentent à des formes animales et humaines. Récemment, lors d’une conférence donnée en octobre 2014, Gareth Owens, chercheur en linguistique à l’Institut d’enseignement technologique de Crète, et John Coleman, professeur de phonétique à Oxford (Royaume-Uni), ont présenté leur hypothèse sur la signification de ce disque: il s’agirait d’une prière adressée à la déesse mère. Ils auraient en effet identifié le substantif “mère” apparaissant plusieurs fois sur les deux côtés du disque.

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